L'oisiveté, l'ennui, la rue: tout cela favorise les rencontres et les liaisons avec les jeunes qui se trouvent dans la même situation. Et c'est bientôt la formation du groupe, de la bande. On commence par les petits larcins (il faut bien vivre), puis comme l'appétit vient en mangeant et qu'on commence à se sentir puissant en bande, on devient plus ambitieux. "L'expérience" aidant, on passe du simple vol à l'étalage au cambriolage, du vol de voiture à l'agression et c'est l'escalade qui mène parfois jusqu'au crime.
Le premier séjour en prison, si redouté tout d'abord est souvent ressenti par le jeune délinquant comme une sorte de "stage" au cours duquel il reçoit de précieux "conseils des anciens" indispensable pour faire carrière dans la "corporation".
Là encore, selon les affinités, le jeune délinquant primaire se lie avec les détenus, et subit fatalement leur néfaste influence. Il décide alors de se "spécialiser". C'est alors la rechute, les cercles vicieux, et la déchéance à plus ou moins long terme.
Tel est, schématisé, "l'itinéraire" classique par lequel passent les jeunes garçons délinquants.
Pour l'adolescente, l'aventure, la ronde infernale devrais-je dire, commence le jour où sa "meilleure amie" qui ne lui veut que du bien lui présente le prince charmant. Bien entendu riche, généreux et bien placé. Il lui suffit de se montrer gentille avec lui pour qu'il mette fin à toutes ses difficultés. Malheureusement, sous le masque du prince charmant se cache le sombre individu sans scrupules qui disparaît comme par enchantement sitôt son désir satisfait laissant derrière lui amertume et désillusion… Pour notre adolescente, le premier pas franchi, le reste devient facile. Et comme il n'y a pas de sot métier après tout…
Comme on le voit, bien que ces deux itinéraires ne passent pas par le même point, ils n'en présentent pas moins un dénominateur commun: le point de chute.
Dans un cas comme dans l'autre c'est au bout du chemin, l'abîme de la déchéance et la pénible sensation d'avoir gâché sa vie, sans même s'en rendre compte.
C'est qu'il suffit de mettre le bout du doigt dans l'engrenage pour que le bras tout entier soit frappé, broyé, quand ce n'est pas tout le corps qui y passe. Si on en revient, c'est handicapé pour la vie.
L'occasion ne m'a pas été donnée de rencontrer ceux qui n'en sont pas (et pour cause). Par contre, le récit que m'ont fait de leur pitoyable aventure avec quelques jeunes délinquants, qui m'ont donné l'impression d'être plus à plaindre qu'à blâmer, me paraît assez significatif et peut donner une idée de la nature de la délinquance juvénile dans notre pays.
Ce ne sont là que quelques exemples choisis au hasard parmi les plus simples et les moins graves. Mais ce ne sont pas des cas isolés. Il est possible, sans risque de tomber dans l'excès de les multiplier par mille, voire davantage.
Meziane Hashas
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